La startup slovaque CulturePulse est une société d'analyse des médias sociaux et les Nations unies espèrent qu'elle pourra utiliser l'IA pour mieux comprendre le conflit israélo-palestinien.
CulturePulse utilise de vastes ensembles de données et l'apprentissage automatique pour créer des jumeaux numériques comportementaux et psychologiques des publics. Les entreprises de marketing peuvent tester leur publicité sur ces jumeaux numériques pour voir si leur message aura l'effet escompté.
CulturePulse pense que ce même principe peut être appliqué pour modéliser des zones de conflit et aider des organisations comme l'ONU à prendre de meilleures décisions dans leurs tentatives de résolution.
L'entreprise affirme que son produit modélise des systèmes de croyances qui peuvent "quantifier la colère, l'anxiété, la personnalité, la moralité, la famille, les amis, les finances, l'inclusion, le racisme, les discours de haine" et plus de 80 autres catégories sociales.
L'ONU a engagé l'entreprise en août pour un projet d'essai de cinq mois au cours duquel CulturePulse créera un jumeau numérique de l'ensemble de la zone de conflit et de ses habitants. L'escalade récente dans la région a renforcé les attentes à l'égard du projet.
Essentiellement, l'entreprise créera une sorte de modèle d'IA SIM City avec des jumeaux numériques de chacune des 15 millions de personnes qui vivent en Israël et dans les territoires palestiniens.
Avec un modèle précis, vous pouvez introduire une approche de résolution et simuler son déroulement. Vous pourriez vous demander : "Si nous faisions ceci, comment les gens réagiraient-ils ?" et voir ensuite si la décision aurait des résultats positifs ou des conséquences inattendues.
Cela fonctionnera-t-il ?
CulturePulse affirme que son modèle prédit les résultats du monde réel avec un taux de précision de 95%. Mais la modélisation d'un public à des fins de marketing se traduit-elle efficacement dans un scénario où les gens s'entretuent ?
Justin Lane, PDG de CulturePulse, pense que c'est le cas. Son équipe a utilisé son modèle d'IA pour analyser d'autres conflits dans le passé, notamment les troubles en Irlande du Nord. Le modèle a prédit avec précision les escalades en réponse au Brexit en 2019.
L'IA a beaucoup progressé depuis, il se peut donc que leur modèle soit beaucoup plus précis aujourd'hui qu'il ne l'était à l'époque.
La modélisation d'une situation extrêmement complexe comme le conflit israélo-palestinien nécessite des quantités massives de données. La source de ces données est un autre projet intéressant que l'IA et l'apprentissage automatique ont rendu possible.
🌎 Une récente augmentation de notre outil de suivi des conflits a mis en lumière la situation actuelle en Israël et en Palestine, suscitant de profondes réflexions au sein de notre équipe.
Il ne s'agit pas de simples données. Ils représentent des vies, des histoires et des luttes réelles sur le terrain, que notre PDG, Justin E.... pic.twitter.com/aevIrznLqP
- CulturePulse (@culturepulseai) 9 octobre 2023
Le projet GDELT
Le modèle d'IA de CulturePulse s'appuie sur des données extraites de plus de 50 millions d'articles de presse provenant de Le projet GDELT.
GDELT utilise le langage naturel et des algorithmes d'exploration de données pour surveiller la quasi-totalité des médias d'information dans le monde et "extraire plus de 300 catégories d'événements, des millions de thèmes et des milliers d'émotions, ainsi que les réseaux qui les relient".
L'idée qui sous-tend le projet est que si l'on peut saisir chaque élément de l'actualité mondiale diffusée, imprimée et en ligne, on obtient un instantané en temps réel de la société humaine. L'utilisation de l'IA permet d'analyser, de traduire et d'étiqueter le contenu afin qu'il puisse être utilisé par des entreprises telles que CulturePulse.
En se concentrant sur les données relatives à la région en question, CulturePulse pense pouvoir modéliser avec précision les émotions, les croyances, la pensée et les actions anticipées des personnes des deux côtés du conflit israélo-palestinien.
Ils ajoutent également le Désinformation générée par l'IA qui a alimenté le conflit à leur ensemble de données pour modéliser les influences auxquelles les gens sont exposés.
Un modèle d'IA sera-t-il capable de comprendre une situation que les humains n'ont pas réussi à résoudre depuis des décennies ? Si l'on en croit les résultats d'initiatives telles que la police prédictivemais cela ne semble pas prometteur. Il faudra voir si l'ONU renouvelle le projet en janvier.
Des projets de ce type permettent aux modèles d'IA d'en apprendre beaucoup sur l'humanité, pour le meilleur et pour le pire.