Les négociations de l'UE sur la loi historique sur l'IA ont été temporairement interrompues jeudi, les parties ayant convenu de se réunir à nouveau vendredi.
Les négociations cruciales impliquant les États membres de l'UE, la Commission européenne et le Parlement européen sont sur le point d'entamer leur troisième journée.
"Nous sommes épuisés. On ne peut pas continuer comme ça. Nous avons besoin de dormir pour pouvoir réévaluer les textes", a déclaré un participant à l'atelier. a déclaré à l'agence Reutersqui a préféré garder l'anonymat.
Les négociateurs, confrontés à la pression d'élections européennes imminentes qui pourraient sérieusement entraver les progrès de la loi, ont travaillé toute la nuit pour se mettre d'accord sur les aspects litigieux de la loi.
La loi sur l'IA a connu de nombreuses complications, car elle a été formulée pour la première fois en 2019, alors que l'IA générative telle que nous la connaissons aujourd'hui n'était qu'une simple lueur dans les yeux de ses créateurs.
Le commissaire européen à la concurrence, Thierry Breton, s'est montré optimiste sur le X, déclarant : "De nombreux progrès ont été réalisés au cours des 22 dernières heures sur la loi sur l'IA. Reprise des travaux avec le Parlement et le Conseil de l'UE demain à 9h00. Restez à l'écoute !"
De nombreux progrès ont été réalisés au cours des 22 dernières heures sur la #AIAct
Reprise des travaux avec le Parlement et le Conseil de l'UE demain à 9h00
Restez à l'écoute !#Trilogue pic.twitter.com/gEnggaRKTR
- Thierry Breton (@ThierryBreton) 7 décembre 2023
Des progrès ont toutefois été accomplis, avec un accord préliminaire sur la réglementation des systèmes d'IA d'avant-garde tels que ChatGPT et Bard.
Selon un document consulté par Reuters, la Commission européenne prévoit de dresser une liste des modèles d'IA considérés comme un "risque systémique". En outre, les fournisseurs de systèmes d'IA à usage général devront divulguer des résumés complets de leurs données d'entraînement.
La loi proposée pourrait notamment exempter les licences d'IA libres et gratuites de toute réglementation, sauf dans des scénarios à haut risque ou pour des utilisations interdites.
Si l'exemption pour les modèles à code source ouvert développés par des entreprises comme les Le Mistral français et l'Aleph Alpha allemand est incluse dans la législation finale, elle serait perçue comme une victoire pour ces entreprises.
Cependant, ils ont mis en garde : "La loi n'est pas encore arrêtée, nous ne pouvons donc pas tirer de conclusions hâtives".
Principaux domaines d'accord
Jusqu'à présent, l'UE s'est mise d'accord sur les points suivants cette semaine :
- Couverture et définitions: La loi sur l'IA adoptera une définition de l'IA conforme à celle de l'OCDE. Définition récemment modifiée. Les modèles gratuits et à code source ouvert semblent devoir rester en dehors du champ d'application du règlement, à moins qu'ils ne soient considérés comme étant à haut risque, utilisés pour des applications interdites ou susceptibles d'être manipulés. Il n'est pas certain que cela couvre des modèles tels que LLaMA, mais cela semble probable.
- Modèles de fondation: La loi maintient son approche par paliers, catégorisant automatiquement les modèles entraînés avec une puissance de calcul supérieure à certains seuils comme posant un "risque systémique". D'autres règles concernent le nombre d'utilisateurs professionnels et les paramètres du modèle, adaptables aux progrès technologiques. Les obligations de transparence exigeront la publication de résumés détaillés des données de formation.
- Gouvernance: Un bureau de l'IA au sein de la Commission veillera à l'application des dispositions du modèle de base. Les autorités nationales superviseront les systèmes d'IA coordonnés par le Conseil européen de l'intelligence artificielle pour une application cohérente de la loi. Un forum consultatif et un groupe scientifique apporteront la contribution d'experts.
- Pratiques interdites: La loi comprend une liste d'applications d'IA interdites en raison de risques inacceptables, tels que les techniques de manipulation, l'exploitation des vulnérabilités, le scoring social et le grattage d'images faciales sans discernement. Le Parlement européen propose d'élargir cette liste, mais le Conseil s'y oppose.
- Réglementation des systèmes d'IA préexistants: La loi couvrira les systèmes d'IA déjà sur le marché s'ils subissent des changements significatifs.
Domaines de controverse
L'UE n'est pas encore parvenue à un consensus :
- Exemption au titre de la sécurité nationale: Les pays de l'UE, menés par la France, plaident en faveur d'une large exemption pour les systèmes d'IA utilisés dans des contextes militaires ou de défense, y compris ceux utilisés par des contractants externes.
- Application de la loi: Les conflits se poursuivent sur l'utilisation de l'IA dans les application de la loiLe Parlement et le Conseil sont en désaccord sur l'étendue des interdictions et des exceptions dans ces domaines, en particulier en ce qui concerne la police prédictive, les logiciels de reconnaissance des émotions et l'identification biométrique à distance (RBI). Le Parlement et le Conseil sont en désaccord sur l'étendue des interdictions et des exceptions dans ces domaines.
- Impact mondial: Le débat se poursuit sur la question de savoir si les interdictions de la loi doivent s'appliquer uniquement au sein de l'UE ou si elles doivent empêcher les entreprises basées dans l'UE de vendre à l'étranger des applications d'IA soumises à des restrictions.
D'ici la fin de la semaine, le secteur aura une meilleure idée de l'orientation de la loi sur l'IA. Toutefois, il est probable qu'il y aura encore quelques rebondissements.