Le lauréat du prix Nobel Sir Christopher Pissarides a mis en garde les jeunes générations contre la précipitation à poursuivre des études dans les domaines de la science, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STEM) à cause de l'IA.
Pissarides est un économiste renommé et un professeur d'économie à la London School for Economics. Il a reçu le prix Nobel de sciences économiques en 2010, aux côtés de Peter A. Diamond et de Dale T. Mortensen, pour leur analyse des marchés avec des frictions de recherche.
Les travaux de M. Pissarides visent principalement à comprendre comment le chômage, les offres d'emploi et les salaires sont influencés par la réglementation et la politique économique. Par conséquent, lorsqu'il affirme que l'IA va s'emparer d'un secteur d'emploi spécifique, nous devrions probablement y prêter attention.
Historiquement, les étudiants ont été encouragés à s'orienter vers les disciplines STIM, et les salaires et les possibilités d'emploi actuelles dans ces domaines confirment qu'il s'agissait d'un bon conseil. Selon M. Pissarides, l'IA est sur le point de changer la donne.
Selon lui, certains métiers de l'informatique sèment leurs "propres graines d'autodestruction" en faisant progresser l'IA qui finira par prendre les mêmes emplois que ceux qu'ils occupent à l'avenir.
La création de modèles et d'applications d'IA exige des informaticiens et des ingénieurs qu'ils collectent des données, qu'ils les rassemblent et qu'ils entraînent ces modèles pour qu'ils deviennent plus utiles dans le monde réel.
Pendant qu'ils font cela, M. Pissarides affirme qu'ils créent la technologie qui rendra leurs compétences en ingénierie et en informatique obsolètes à l'avenir.
Il est intéressant de voir certaines des prédictions faites par Pissarides en 2018.
Selon Christopher A. Pissarides, lauréat du prix Nobel, nous travaillerons moins et nous nous amuserons davantage. En savoir plus sur l'avenir du travail : https://t.co/uySD2ePlKg pic.twitter.com/AayJIQn9f2
- Forum économique mondial (@wef) 9 juillet 2018
Si ce n'est pas les STIM, alors quoi ?
La situation de l'emploi n'est pas totalement catastrophique. Il estime que l'IA aura un effet positif net sur le marché de l'emploi, mais avec un glissement vers des emplois qui seront plus difficiles à remplacer par l'IA.
Les emplois qui requièrent davantage d'empathie, comme les postes en contact direct avec la clientèle dans l'hôtellerie ou les services à la clientèle, continueront probablement à faire l'objet d'une forte demande. Toutefois, avec les progrès de la robotique humanoïde, cette situation est susceptible de changer.
Les fonctions qui font appel à la créativité et à l'intelligence émotionnelle sont beaucoup plus difficiles à remplacer par une intelligence artificielle froide et calculatrice.
Pissarides fait partie d'un projet appelé L'Institut pour l'avenir du travailqui met l'accent sur le bien-être dans le contexte des politiques du marché du travail et des nouvelles technologies. L'IA amènera de nombreuses personnes à occuper des emplois très différents de ceux qu'elles occupent actuellement. Qu'en penseront-ils ?
L'Institut pour l'avenir du travail déclare vouloir travailler avec la société civile, l'industrie et la gouvernance pour créer "une bonne société dans laquelle chacun peut s'épanouir grâce à cette nouvelle révolution technologique".
Si vous vous interrogez sur le domaine d'études qui débouchera sur les emplois les plus demandés à l'avenir, il serait bon de réfléchir à ce que l'IA trouve facile à faire et à ce qu'elle a du mal à faire.
L'IA et la robotique ne sont pas très douées pour l'humour, la dextérité ou l'empathie. Ainsi, au lieu de programmer, Pissarides pourrait vous suggérer de devenir comédien, plombier ou aide-soignant.